Best seller de Michel Bussi sorti en 2011, Nymphéas noirs semblait, je cite, « inadaptable en images ». Fred Duval et Didier Cassegrain ont pourtant choisi de tordre le cou à cette prémonition en accouchant d’un album éponyme de près de 140 pages à l’esthétique soignée.
Le pitch
Petite ville de Normandie, Giverny est mondialement connue pour avoir hébergé Claude Monet d’avril 1883 jusqu’à sa mort en 1926, là même où le peintre a exécuté ses Nymphéas. Un fait divers vient pourtant de défrayer la chronique : le chirurgien ophtalmologue Jérôme Morval vient d’être découvert assassiné. D’abord par une vieille dame qui a préféré quitter les lieux sans crier gare. Avant que les autorités ne le découvrent par elles-mêmes. Fraichement arrivé du commisariat de Vernon, l’inspecteur Serenac mène l’enquête avec comme principale pièce à conviction une carte postale mentionnant l’anniversaire d’un enfant de 11 ans retrouvé sur le corps de la victime..
Plutôt fougueux, le policier met immédiatement les pieds dans le plat et interroge tous azimuts l’entourage de la victime. Passionné d’art et de Monnet, Morval rêvait de pouvoir s’offrir un Nymphéas de Monnet parmi les quelques 272 répertoriés ! Une marotte à laquelle s’ajoutait une réputation de coureur de jupons, confirmée par sa propre femme.
De nombreuses conquêtes donc mais Stéphanie Dupain, l’institutrice, n’en fit jamais parti malgré l’attirance que Morval semblait lui vouer. Son mari, Jacques Dupain à la jalousie maladive devient pourtant rapidement le suspect numéro 1 du commissaire, persuadé qu’unmari trompé se cache derrière le meurtre de Morval.
Et puis il y a ces spéculations autour d’un tableau que Monnet aurait peint au moment de mourir et que personne n’a jamais retrouvé, le fameux « Nymphéas Noirs ». Beaucoup de pistes à élucider à laquelle s’ajoute celle d’une mort suspecte remontant à 1937 impliquant un enfant de 11 ans…Une piste à laquelle notre octogénaire semble être liée…
Ce que l'on peut en dire
Rarement une bande dessinée aura autant entremêlée polar et cours d’histoire de l’art. La mise en abyme est permanente, un peu comme si à chaque page, l’aventure avait pour cadre un tableau du maître. Les références aux œuvres et à la vie de Claude Monet sont légions: aux Nymphéas bien sur, mais également à sa série consacrée aux Cathédrales de Rouen, permettant ainsi au profane de s’initier au travail singulier du peintre.
En outre, il est indéniable que le travail des couleurs est lui aussi capital pour répondre tant à l’adaptation du texte de Michel Bussi que pour rendre hommage à Monet lui-même. En ce sens, le travail de Didier Cassegrain est assez remarquable.
Avec comme seul cadre cadre temporel le village de Giverny, Nymphéas noirs fait également office de huis clos doré emprisonnant petit à petit ses protagonistes. Le genre d’histoire qui n’aurait pas déplu à Simenon et son commissaire Maigret… Avec un suspens qui reste entier de bout en bout, l’album marque des points en ce début d’année et, qui sait, vous donnera des envies d’escapade normandes!