Après son album « Gauguin, l’autre monde », Fabrizio Dori continu d’explorer ses influences tout en s’amusant à revisiter les grands récits classiques de la mythologie grecque. Le tout servi par un personnage principal très inspiré!

Le pitch

Eustis est un satyre. Comprenez, une divinité à corps d’homme, à cornes et à pieds de bouc. Enfin je devrais plutôt dire était. Ancien membre de la cour du Dieu Dionysos, le dieu de l’ivresse, Eustis a fait fort, s’attirant par accident les foudres d’Artemis laquelle l’a condamné à errer sur terre. Sans cornes et sans oreilles pointues et ayant quelque peu perdu la mémoire, notre divinité déchue vit désormais parmi les hommes, ses dons de divination lui permettant de vivre cahin-caha.

Son vagabondage séculaire va pourtant l’amener à rencontrer un énigmatique fantôme. Quelque peu dans la panade, celui-ci lui demande de l’aide. Eustis accepte et en guise de récompense, le spectre le mène jusqu’à la demeure d’Hécate, déesse de la magie et des spectres.

Telle la Pythie, celle-ci décide alors de lire son avenir au satyre lequel vacille en comprenant les raisons de son vagabondage : il n’a pas seulement été puni par Artemis, il a été maudit ! Mais tout n’est pas perdu pour le saltimbanque divin s’il parvient à remplir la mission que lui confie Hécate, à savoir combler le souhait de sa sœur Séléné.

Acceptant de relever le défi que lui a été lancé, notre héros va trouver le professeur, un de ses amis, pour lui annoncer son départ imminent. Malgré son grand âge, le vieux monsieur fait des pieds et des mains pour accompagner Eustis lequel fini par céder. Un drôle d’aventure s’annonce pour notre duo rapidement rejoint par l’énigmatique fantôme rencontré plus tôt…

Ce que l'on peut en dire

Après son livre consacré à Gauguin, Fabrizio Dori nous plonge dans le Grèce antique en proposant un périple tantôt loufoque, un peu foutraque voire halluciné mais délicieusement efficace.

Avec une palette de couleurs flamboyante, l’artiste nous propose un album aux accents fantasmagoriques où les ambiances sont très variées. Les dieux sont par exemple représentés de façon classique sur des vases mais l’auteur n’hésite pas non plus à les faire aller chez le psy, vêtus de façon tout à fait contemporaine. Dès lors, le décalage fonctionne à merveille, l’idée étant de proposer une Odyssée moderne telle qu’Ulysse pourrait la vivre aujourd’hui. La réécriture des textes classiques de la mythologie grecque fonctionne ici à plein régime.

Puisant son inspiration chez de multiples peintres, Fabrizio Dori s’est fendu de nombreux hommages à Van Gogh, Hokusai ou Klimt. Le récit n’en respire que mieux et n’est ainsi nullement cantonné à un thème en particulier.

Fidèle à leurs réputation d’éditeur de beaux livres, les éditions Sarbacane nous offrent une maquette particulièrement soignée et achèvera de vous envouter. Quelques notes explicatives pour approfondir un peu le panthéon des dieux grecs n’auraient pas été de trop mais en dehors de cela, Le dieu vagabond reste un de temps forts de ce début d’année 2019.

Le dieu vagabond de Fabrizio Dori, éditions Sarbacane, 160 pages.

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La liberté ne se mendie pas, elle se prend.
– Alexandre Jacob