5,5 millions. Etabli en mars 2018, il s’agit du nombre de Syriens ayant quitté le pays depuis le début des hostilités en 2011 d’après un rapport du Haut Commissariat des Nations Unis.
Un chiffre qui résonne beaucoup aux oreilles de Fabien Toulmé lequel décide de se mettre en quête de témoignages. Via une amie journaliste, il fait la connaissance d’Hakim installé à Aix en Provence depuis 2015 avec femme et enfants.
Ayant eu accès à une partie de son dossier de demande d’asile, Fabien Toulmé sait qu’il va lui falloir convaincre Hakim de revenir sur certains pans de sa vie parmi les plus douloureux. Un travail d’introspection devant lequel ce jardinier – chef d’entreprise ne se dérobe pas.
A la tête de sa propre pépinière avec son cousin, les choses allaient bon train pour Hakim ce qui ne l’empêchait pas de subir l’emprise du clan Assad à la tête du pays et ce, depuis tout petit. Une domination hégémonique où la corruption et le contrôle permanent de la population sont presque institutionnalisés. Entre temps, le printemps arabe fait son chemin, passant par la Tunisie, l’Egypte et la Libye. Jusqu’à ce jour de 2011 où les premières manifestations éclatent à Damas, les premières répressions à balles réelles aussi. Hakim est emprisonné arbitrairement avant d’être relâché trois semaines plus tard, les autorités l’ayant visiblement confondu avec un homonyme…
Une expérience traumatisante pour le jeune homme désormais aux abois. Aux bombardements s’ajoute alors la disparition de son frère Jawad raflé par l’armée. Et dès lors, une seule solution s’impose à Hakim : l’exil…
Ce que l’on peut en dire
Fabien Toulmé est ici resté fidèle à sa réputation d’auteur fleuve puisque cette première partie – il y aura 3 tomes – fait tout de même 268 pages.
Désireux de donner la part belle au témoignage d’Hakim, il s’est volontairement effacé dans l’album faisant preuve de beaucoup de pudeur tant auprès de son interlocuteur dans l’album que pour son lectorat.
Ayant eu recours au travail d’un traducteur, le dessinateur de « Ce n’est pas toi que j’attendais » a eu l’élégance de nous prévenir quant au travail d’adaptation qui en a résulté. De quoi
-C’est bien chapitré pour que l’on comprenne comment les évènements s’enchainent pour lui
-Pas misérabiliste pour deux sous, pas de sensationnel
-Parcours assez hors norme
-Le style graphique est à rapprocher du travail d’un Guy Delisle et est d’une grande fluidité à défaut d’être réaliste. Ca fonctionne très bien.
-Hakim essaye juste de s’en sortir comme il peut
-Un premier tome qui est à ranger à coté du best seller autobiographique « L’arabe du futur de Riad Sattouf » se passant en grande partie dans la Syrie d’Ahfez El Assad.
-Coup de projecteur sur la situation des migrants et des parcours qu’ils doivent emprunter pour s’en sortir