La seconde guerre mondiale demeure un thème largement exploité en bande dessinée, avec son lot de livres décevants et d’albums devenus mythiques. Il était une fois en France de Fabien Nury et Sylain Vallée, consacrée à la vie de Jospeh Joanovici est ainsi devenu le passage obligé pour toute lectrice / tout lecteur s’intéressant à cette période historique. Personnage quelque peu sulfureux, Violette Morris navigua entre ombres et lumières avant de tomber sous les balles de la Résistance française. Une mort suspecte qui méritait bien son transposition en cases et philactères

Le pitch

En plein mois de Septembre 1945, l’ancienne avocate Lucie Blumenthal ne ménage pas ses efforts. Devenue détective privé, elle enquête désormais sur les personnes disparues pendant la Drôle de Guerre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a du pain sur la planche. Un charnier vient d’être découvert et 5 corps ont été identifiés. Mais un 6e corps déterré interpelle les enquêteurs a plus d’un titre.

S’agissant d’une femme d’une cinquantaine d’années, la corpulence de la défunte est impressionnante, pareille à celle d’un colosse à qui l’un des attributs féminin manque : cette femme n’a pas de poitrine. Ou plutôt elle se l’est faite enlevée comme le mentionne instantanément Lucie, assistant à la scène. Car l’enquêtrice n’a aucun doute sur l’identité de cette personne : il s’agit de Violette Morris. Une force de la nature que Lucie a côtoyé dès son plus âge au couvent de l’assomption près de Huy, en Wallonie donc.

Enfant plutôt rebelle, Violette se distingue très vite par des facultés physiques hors du commun pour une femme de cette époque, participant avec les hommes aux premiers championnats de France de natation en eau vive et faisant mordre la poussière à un boxeur aguerri en combat officiel.

Des expériences qui forgent le caractère et la mèneront à devenir ambulancière pendant la première guerre mondiale. Féministe avant l’heure bien décidée à croiser le fer avec les hommes sur tous les terrains sportifs possibles, la mort de Violette Morris assassinée par la Résistance demeure parsemée de zones d’ombres…Une affaire sur laquelle Lucie entend faire toute la lumière !

Ce que l'on peut en dire

Quelle biographie que ce premier tome consacrée à Violette Morris ! Réalisé sous forme d’enquête, le parcours de cette championne au palmarès impressionnant est captivant et donne la part belle à son enfance et son passé de sportive d’exception.

Caractère trempé, n’ayant clairement pas sa langue dans sa poche, Violette est un volcan au propre comme au figuré mais ne peut en aucun cas être réduite à une montagne de muscles. Portant la culotte dans son couple, elle est bien décidée à s’affirmer face aux hommes, qu’il s’agisse de son mari ou de ses compétiteurs masculins. C’est en cela que l’on peut la considérer comme une féministe à l’avant garde d’un mouvement n’en était qu’à ses balbutiements dans la France des années 1930.

Le suspens s’installe subtilement et invite le public à s’interroger sur les raisons ayant poussé la Résistance française à faire de Violette Morris une une cible majeure « à abattre par tous les moyens ». Un bel uppercut littéraire sur un personnage authentique trop méconnu du grand public. Série prévue en 4 tomes!

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La liberté ne se mendie pas, elle se prend.
– Alexandre Jacob