Dessinateur du mythique « Transperceneige », issue des pages de la revue (à suivre…) des éditions Casterman, Jean-Marc Rochette a surpris tout son monde en revenant sur ses années d’alpinisme avec Aile Froide. Une plongée dans l’intimité de cet amoureux du massif des Ecrins qu’il revisite de nouveau avec « Le Loup ».
Le pitch
En plein cœur du domaine des Ecrins, Gaspard le berger, flanqué de Max son chien, vit avec ses bêtes en ermite plusieurs mois de l’année. Un troupeau qui attire bien des convoitises, surtout si l’on est une louve affamée et son petit. Aux abois, l’animal n’hésite pas et fond sur les brebis. Ayant déjà subit une première attaque quelques mois plus tôt, Gaspard met en joue l’animal et tire, abattant la louve, laissant le louveteau orphelin et livré à lui-même.
Les mois passent et l’hiver s’installe isolant encore un peu plus Gaspard. Notre louveteau, lui, grandit, devient loup et s’affirme. Se retrouvant nez à nez avec l’assassin de sa mère qu’il reconnait à l’odeur, il n’hésite pas à montrer les crocs sans pour autant que Gaspard fasse feu.
Les beaux jours reviennent et avec eux, c’est toute la faune et la flore qui en profite. Gaspard a droit à la visite des gardiens du parc, enquêtant sur un cadavre de louve retrouvé un an plus tôt, de quoi mettre les nerfs en pelote de notre berger. Il faut dire que depuis la mort de son fils au Mali, Gaspard n’est plus le même.
Toujours sur ses gardes, il ne pourra cependant pas empêcher l’anéantissement de son cheptel par le louveteau à qui il avait pourtant laissé la vie sauve. N’ayant plus rien à perdre, Gaspard se lance à corps perdu à la poursuite du Loup responsable selon lui de tous ses maux. Dès lors, une danse macabre s’installe entre l’homme et l’animal mais aussi entre le berger et lui-même…
Ce que l'on peut en dire
Le massif des Ecrins n’a décidément plus de secrets pour Jean-Marc Rochette. Et il nous le fait comprendre de la plus belle des manières. Que dire de ce ballet sur les crêtes entre Gaspard et son loup? De cette confrontation entre l’homme et la nature qui n’a rien à envier à L’ours de Jean-Jacques Annaud ou The Revenant d’Iñarritu?
L’auteur nous délivre un message limpide d’amour pour la beauté de la montagne et d’humilité face à ses dangers, soutenu par les superbes couleurs d’Isabelle Merlet. La description méticuleuse des scènes de vie animale confère à l’album un vrai côté documentaire, comme si Rochette était resté en planque des heures durant.
A l’heure où le réchauffement climatique est plus que jamais un enjeu sociétal majeur, ce livre offre un plaidoyer pour la défense de l’environnement et ses trésors.
Le Loup tutoies donc les cimes graphiquement et dresse un constat sans détour: il est vital de faire la paix avec la nature tout comme en son for intérieur. Un ouvrage riche d’enseignements délivrant un message fort à qui je souhaite une très longue vie en librairie.
