Avez-vous déjà lu un livre mettant aux prises un ersatz de Donald Trump, un éléphant acteur à Hollywood et le couple Simone de Beauvoir / Jean-Paul Sartre reconvertis en gangster sans foi ni loi? Hughes Micol, lui, a relevé le défi et le résultat détonne en ce début d’année.

Le pitch

Auteur de bande dessinée de son état, Hughes Micol frappe à la porte de Santorin Saint-Rose, le patron de l’agence « Investigations & péripéties ». Notre auteur est dans la panade : lors d’une exhibition organisée dans une boîte de nuit, il s’est fait dérober la planche de bande dessinée sur laquelle il était en train de travailler. Son seul indice est une plume verte, retrouvée sur le lieu du méfait.

Un indice maigre mais suffisant pour que Saint-Rose et ses acolytes décident de venir en aide à Hughes. Une bande d’aventuriers de tout poils parmi lesquels on trouve le colosse Motte Piquet, Comment, le cuistot papou, Conchobhar O’Muc le cerveau de la bande sans oublier la Poule, téméraire à souhait doté d’une dentition à faire palir un grand blanc.

Direction Macao, ville de tous les vices vers laquelle semble avoir migré le volatile à qui appartient la fameuse plume. Commence alors pour notre artiste une aventure pas banale, bien loin sa planche à dessin habituelle, peuplée d’énergumènes tous plus déjantés les uns que les autres…

Ce que l'on peut en dire

Initialement, Hughes Micol avait présenté son album à son éditeur sans se mettre en scène. Le résultat change du tout au tout à partir du moment où il devient son propre héros, ou plutôt anti-héros. Le ton est donné d’entrée de jeu et l’on comprend tout de suite que l’album tiendra plus des aventures de Georges Abitbol que de celles de Prince Valiant. En un mot comme en 100: ça va bien partir en sucette cette histoire!

Les oiseaux sournois et bavards côtoient le couple de porte-flingues Simone de Beauvoir / Jean-Paul Sartre lesquels ont troqué leurs manuscrits de la NRF pour des pistolets mitrailleurs. Un couple glamour qui plus est à la solde d’un grand méchant dont la mèche vous rappellera sans aucun doute un certain président américain en fonction.

C’est donc franchement foutraque, super drôle, rythmé et clairement l’auteur s’en est donné à cœur joie pour pratiquer l’autodérision comme il se doit. Il n’hésite d’ailleurs pas à convoquer son fils comme protagoniste de l’histoire non sans au passage brosser un portrait caricatural de sa progéniture. L’album n’aurait par ailleurs pas été le même sans le travail des couleurs réalisé par Isabelle Merlet qui donne ici aussi, beaucoup de cachet au livre en lui conférant tantôt un côté exotique, tantôt une ambiance mystérieuse.

Outre son humour, « Saint-Rose » convoque une ribambelle de personnalités et pas seulement Donald Trump. Les lecteurs avertis sauront ainsi reconnaître dans l’album la présence d’Erol Flynn ou encore Scarlet Johanson et les hommages aux affiches de cinéma désuètes sont légions. Avec ce nouvel opus, Hughes Micol peut se targuer d’avoir réalisé LA bd décalée de ce début d’année et les amateurs du genre en auront pour leur argent. Je pense tout particulièrement aux fans du FLIM « Le Grand Détournement » d’Hazanavicius ou aux aficionados de « Messages à caractère informatif », série culte de Nicolas et Bruno. Cogipement vôtre!

Saint-Rose A la recherche du dessin ultime d’Hughes Micol, couleurs d’Isabelle Merlet, éditions Futuropolis, 16 €, 64 pages.

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La liberté ne se mendie pas, elle se prend.
– Alexandre Jacob