Père du manga moderne dont il fixé la structure, Osamu Tezuka continue d’exercer une influence considérable sur ce médium et ce, malgré sa disparition en 1989. Avec ses quelques 170 000 planches au compteur, il peut s’avérer difficile de déterminer de prime abord ce qui fait office de lectures incontournables dans sa bibliographie. Pourtant, Ayako publié en 1972, fait indubitablement parti des chefs d’œuvre du maître.

Le pitch

 Jiro Tengé est le membre d’une famille influente de propriétaires terriens situés à Yodoyama au nord de Tokyo. Avec la défaite japonaise pendant la seconde guerre mondiale, Jiro retrouve les siens après les avoir quitté pendant de nombreuses années non sans s’être au passage compromis avec les forces d’occupation.

Pendant son absence, la famille s’est élargie de façon interdite puisque Sakuemon Tengé, le patriarche un tantinet autoritaire et débauché, s’est uni à sa belle fille Sué. Et de leur union est née Ayako, une petite fille complètement innocente mais qui progressivement va représenter une honte pour la famille.

Sacrifiée sur l’autel de la réputation familiale, Ayako va donc être cachée dans la remise du domaine familial au vu et au su de tous. Un drame silencieux alors que le  Japon tout entier est à ce moment là en pleine restructuration politique, économique et sociale.

Ce que l'on peut en dire

Ayako est une pierre angulaire du manga à plus d’un titre. Sur plus de 700 pages, l’auteur s’emploie d’abord à fustiger la violence et la cupidité des hommes dans un pays alors en plein bouleversement. Au moment de sa sortie, Osamu Tezuka a su prendre le virage du manga « Gekiga », plus encré dans la réalité, depuis déjà quelques temps. Mais force est de constater qu’Ayako demeure encore aujourd’hui un incontournable du genre, au même titre qu’ « Une vie dans les marges » de Yoshihiro Tatsumi ou « L’homme sans talents » de Yoshiharu Tsuge récemment réédité par les éditions Atrabile.

N’hésitant pas à dénoncer les collusions grandissantes dans la société nipponne entre pouvoirs politiques et yakuzas, Tezuka rend également hommage dans le livre au courage des femmes et à leur abnégation, achevant d’en faire un modèle du genre enfin republié. Un must have de 2018 à mettre dans sa mangathèque si ce n’est pas déjà fait!

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La liberté ne se mendie pas, elle se prend.
– Alexandre Jacob