Après « Le maître d’armes » tonitruant one-shot mêlant capes et épées et réforme de l’Eglise Catholique, le duo Dorison / Parnotte accouche d’un premier tome de fantasy avec comme toile de fond la France du début du XXe siècle. Une association qui n’est pas sans rappeler le « Steam Punk » style rétro-futuriste ayant pour cadre l’Angleterre victorienne. L’éclosion d’un nouveau genre?

Le pitch

En 1900 à Marseille, Clément Francoeur est un ouvrier comme les autres, abattant sa charge de travail harassante à l’usine. Mais le jour où Aristophania Bolt vient lui rendre visite, ce n’est pas pour lui annoncer de bonnes nouvelles.

Alors que la société française est en plein bouleversement industriel, une toute autre bataille se déroule en coulisse mettant aux prises la Reine du royaume d’Azur et la cour du Roi Banni dont les sbires ont mis à jour la véritable identité de Clément alias Arlin Stagaart. A peine est-il mis au courant que l’homme est sauvagement assassiné par Barboza, colosse au service du roi Banni. Une mort qui plonge dès lors sa famille dans la tourmente qui doit quitter Marseille séance tenante.

9 ans s’écoulent péniblement pour les 3 enfants de Clément et leur mère qui, bon an mal an, survivent désormais en banlieue parisienne. Une vie à la dure pour Basile l’aîné, Victor et Calixte à qui la vie ne fait décidément pas de cadeau. Impliquée dans les mouvements de grève qui émaillent alors la France du début du XXe siècle, leur mère fini par s’attirer les foudres des autorités et, pour protéger ses enfants, écope d’une peine de prison de trois mois.

Livré à eux-mêmes, Basile Victor et Calixte vont pourtant voir réapparaitre la mystérieuse Aristophania, celle-là même qui leur avait intimé l’ordre de quitter Marseille 9 ans plus tôt. Ayant rencontré leur mère en prison, l’honorable vieille dame s’est engagée à prendre soin d’eux le temps qu’il faudra et décide donc de les emmener en Provence en un lieu idyllique, le clos de Soubeyrac, situé en Azur.

L’endroit est un havre de paix, sauf s’il prenait l’envie à la fratrie de sortir du domaine ou d’aller jeter un œil au château. Et comme braver les interdits est plutôt du goût du trio, c’est leur vie toute entière qui va basculer dans un monde où sortilèges et incantations remplacent canons et obus…

Ce que l'on peut en dire

Lorsque l’on a affaire à des histoires de fantasy, on peut rapidement se retrouver avec un déluge de pouvoirs magiques dans tous les sens. Pour cette nouvelle collaboration, Dorison et Parnotte évitent soigneusement cet écueil, n’hésitant pas à introduire une dimension politique et stratégique à cette guerre magique se tenant en coulisse. L’action et le spectaculaire sont donc bien proportionnés.

Exit aussi les personnages héroïques jeunes. Aristophania a visiblement dépassé, en apparence, les 70 printemps mais a clairement plus d’un tour dans son sac. Ce n’est pas forcément d’une originalité folle mais c’est tout de même notable. Récit fantastique, Aristophania donne également la part belle à un rappel du contexte social violent de l’époque. C’est intelligent de ne pas avoir totalement détaché la part fantasy de la réalité de la France des années 1900.

Bémol : le sticker. J’ai fait quelques recherches et n’ai pas trouvé grand chose concernant la French Fantasy. Je trouve dommage de vouloir souvent classer les bandes dessinées selon leur genre (le roman graphique, la bd de reportage, etc.) C’est bien sur important que le lecteur puisse s’y retrouver mais avec cet autocollant, on annonce clairement la couleur, l’album perd un peu la part de mystère suscitée par la couverture.

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La liberté ne se mendie pas, elle se prend.
– Alexandre Jacob