Quatre années auront été nécessaires à François Dermaut pour accoucher du second tome de Rosa, personnage imaginé durant ses périples par l’explorateur Bernard Ollivier. Le résultat est à la hauteur des attentes!

Le pitch

Dans un petit village normand, Rosa est mariée à Mathieu, de 25 ans son aîné. Alcoolique, il est rapidement rattrapé par la tuberculose que sa femme aimante tâche d’endiguer comme elle peut. Désormais au chevet de son mari, Rosa tâche de joindre les deux bouts en s’occupant du bistro installé dans la ferme conjugale. Il faut dire que le rade en question attire de nombreux habitués de toute condition plutôt doués pour lever le coude.

Et l’alcool aidant, une querelle de virilité éclate. Afin de déterminer lequel de ces poètes est un vrai bonhomme, un stupide pari est lancé auquel Rosa se trouve mêlée. Elle devra elle-même en déterminer le vainqueur avec, à la clé une somme rondelette dont le jeune femme entend bien prélever sa part. Un pécule qui pourra lui permettre d’envoyer Mathieu dans un sanatorium digne de ce nom.

Une prise de risques pour cette femme jusqu’ici plutôt effacée et qui va pourtant se rendre compte qu’il est possible de tenir tête aux hommes, voire de les faire chanceler. Découvrant petit à petit aussi bien leurs failles que leurs ambitions dévorantes voire même leurs tendresses, Rosa entame une mutation inattendue pour une femme de son époque.

Les participants se succèdent jusqu’à ce que Sena, l’homme le plus riche du village, n’entre dans la danse et fasse une proposition à Rosa à laquelle, il en est sûr, elle ne pourra se dérober. Il y va de son avenir après tout. Malgré ce que cela représente, Rosa refuse non sans au passage s’attirer les foudres du village et du curé lui-même! Désemparée, elle va pourtant trouver sur sa route une alliée inattendue en la personne d’Honorine…

Ce que l'on peut en dire

A la base, Rosa est un personnage né dans la tête de l’explorateur et ami du dessinateur, Bernard Ollivier. Son prolongement en bandes dessinées est cependant parfaitement à propos lorsque l’on s’appelle François Dermaut.

Travaillant à l’aquarelle sèche, l’auteur est bien évidemment très méticuleux dans son travail mais le résultat n’en est que plus beau. Les personnages sont plus vrai que nature, la caricature n’est parfois pas très loin mais quelle expressivité ! Cela donne vraiment le sentiment que l’artiste trinquait avec ses protagonistes tant il semble familier d’eux.

Le dessin réaliste très soigné est rehaussé par un travail sur les lumières exemplaire surtout quand vient l’heure de se coucher ! L’éclairage à la bougie est donc superbement rendu tout comme les scènes d’intimité et témoigne de la patience de l’auteur pour atteindre un tel résultat. Et comme parfois le diable se cache dans les détails, un effort conséquent a été apporté pour placer l’œuvre dans son contexte social: on croisera ainsi un buveur d’absinthe typique de l’époque ou encore de nombreuses calèches, pas encore supplantées par l’industrie automobile alors balbutiante.

Enfin et surtout, Rosa rend hommage à son héroïne, femme émancipée dans une France encore très croyante et où le quand dira-t-on est de rigueur. Une femme forte, qui s’assume au vue et au su de tous transformant sa condition. Une sorte de figure féministe un peu en avance sur son temps et une seconde partie qui a tenu toutes ses promesses!

Rosa de François Dermaut, éditions Glénat, 14,50 € en France, 15,50 € en Belgique

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La liberté ne se mendie pas, elle se prend.
– Alexandre Jacob