Créé en 1929 par Elzie Crisler Segar, Popeye fête cette année ses 90 printemps. L’occasion pour les éditions Michel Lafon de célébrer les péripéties de l’un des marins les plus célèbres de la bande dessinée mondiale. Un spin-off signé Ozanam et Lelis qui sent bon les embruns!
Le pitch
Pour Maturin comme pour son ami Bosco, ce sont les vaches maigres. Pas un poisson à remonter dans les filets. L’avenir s’annonce d’ailleurs morose: le bateau de Bosco a même été saisi! Les protestations de ce dernier n’y changeront rien et en attendant, c’est Bluto, canaille et ancien meilleur ami de Maturin, qui se frotte les mains de cette déconvenue…
Pour se requinquer, Maturin invite son ami à s’en jeter un au Rough House. Le rade est tenu par Olive Oil, dont le tempérament de feu n’est pas pour déplaire à notre marin nourri aux épinards lesquels lui donnent une énergie colossale.
Oliv la taulière a également droit à son lot d’embêtements. Outre son frère qu’elle a souvent dans les pattes, les fermetures de son bar sont parfois compliquées. Alors qu’il rentre chez lui, Maturin surprend une bande de loubards s’en prenant physiquement à la jeune femme. Malgré les rides qui tailladent son visage, Maturin- que son entourage surnomme de temps à autre « Popeye » – a de la ressource. Il a donc tôt fait de faire déguerpir les malfrats, s’attirant au passage les louanges d’Oliv.
Sauver la veuve et l’orphelin, c’est bien mais les espèces sonnantes et trébuchantes lui font cruellement défaut. Un boulot de manœuvre en poche, Maturin ne va pas être au bout de ses peines s’il faut ajouter les relations houleuses avec un père poivrot et une chasse au trésor parfaitement improbable…Voilà, le décor est planté !
Ce que l'on peut en dire
Outre ses aventures originales initialement publiées par les éditions Futuropolis dans les années 1980 et rééditées par Denoël Graphic en 2005, Popeye a droit a une vraie cure de jouvence avec cet album.
L’intelligence des auteurs est de faire de ce marin-là un anti Corto Maltese. Notre héros a des blessures, pas un rond et la vie ne lui a jusque ici pas fait de cadeaux.
Malgré tout, il a pour lui une grosse force de caractère et une verve qui en hameçonnera plus d’un(e). Outre son graphisme évanescent tout en aquarelles collant très bien à un univers maritime, l’ouvrage est aussi drôle par ses dialogues et se lit d’une traite. Un clin d’oeil au nombreux néologismes et mots fréquemment mâchés par le marin dans sa version originale.
On apprendra aussi pourquoi Popeye s’appelle Popeye et l’ouvrage est truffé d’hommages à l’œuvre de Segar, au delà des personnages en eux-mêmes, tous ou presque étant déjà présent dans l’œuvre initiale de ce dernier.
En dehors des strips publiés pendant 9 ans, Popeye doit en grande partie sa notoriété aux dessins animés réalisés en grande partie après la mort de Segar survenue très tôt. C’est d’ailleurs dans ceux-ci que le marin consomme beaucoup d’épinards et pas dans les strips de bd originaux!
Diffusé dans quelques 600 journaux à travers tout le pays, les aventures de Popeye ont rapidement attiré l’attention du Gouvernement américain de l’époque: c’est en effet à sa demande que la marin ingurgite des épinards dans sa version animée, les autorités souhaitant à l’époque encourager la consommation de cet aliment riche en fer. D’ici à ce que les Avengers deviennent les chantres des artichauds, il n’y a qu’un pas!
Popeye d’Antoine Ozanam et Marcelo Lelis, éditions Michel Lafon, 20 € en France, 21,70 € en Belgique