Pat Hibulaire, Darth Vader, Rastapopoulos ou encore Gargamel ont un seul et unique dénominateur commun, ce sont des vilains! Des méchants sans vergogne parmi lesquels l’un d’entre eux se distingue par sa classe. Non il ne s’agit pas de Georges Abitbol mais bien de Monsieur Choc, ennemi juré d’un célèbre duo de la bd franco-belge, Tif & Tondu.

Le pitch

Imaginé par Maurice Rosy et Willy Maltaite alias Will, Monsieur Choc voit le jour en 1955 dans les pages du journal Spirou, à la tête d’une organisation mafieuse internationale, la Main Blanche ! Toujours tiré à quatre épingles, arborant queue de pie, fume cigarette et gants blancs de dandy, sa particularité réside dans le heaume de chevalier dont il est constamment affublé.

Une panoplie qui préservera sa véritable identité tout au long des aventures dans lesquelles il sera impliqué et ce, quelques soient les auteurs qui se retrouveront aux manettes des aventures de Tif et Tondu. Avec leur trilogie, Staphan Colman et Eric Maltaite ont cependant décidé de lever un peu le voile sur l’énigmatique empereur du crime.

Eduqué par une mère courage, pâtissière au service d’un lord anglais, le petit Eden vit une enfance difficile qui l’amène très tôt à côtoyer de nombreuses têtes brulées, notamment en maison de redressement où il atterrit par accident.

Sa route chaotique l’amène à croiser celle du Duke, un personnage excentrique, poète, voleur, n’hésitant à se vautrer dans le stupre de l’époque, fréquentant bordels et autre lieux de débauche. Il s’agira pourtant de son seul ami, car on ne s’improvise pas maitre es crime en faisant minète mamour avec tout le monde !

Attentats à Londres, livraison d’armes dans tous les sens, Choc n’hésite pas à faire couler le sang au sein même de ses concurrents de la pègre et se forge rapidement une réputation d’ennemi public numéro 1. Enquêtant sur lui depuis plusieurs années, l’inspecteur Fixchusset saura-t-il démasquer cet être insaisissable ? D’ailleurs est-il vraiment mort à Istambul comme semblent l’annoncer la presse ?

Ce que l'on peut en dire

Mr Choc aura donné pas mal de fil à retordre à Tif et Tondu et ce jusqu’en 1986, date de la dernière confrontation des héros avec le chevalier du crime. Et même si les plans de ce dernier étaient régulièrement machiavéliques, les auteurs ont délibérément fait de lui quelqu’un d’implacable, n’hésitant pas à agir comme un terroriste avec une violence crue. Bien sur, l’album pourra être lu à partir de 14/15 ans mais le duo Maltaite / Colman a volontairement fait évoluer le personnage, tout à tour confronté à la montée des extrême en Angleterre pendant les années 1930 avant d’être spectateur et acteur de la seconde guerre mondiale. Il y croisera même un certain Adolf Hitler…

Colman et Maltaite ont donc considérablement installé leur protagoniste dans le XXe siècle pour en faire une figure de son temps. Cependant, il aurait sans doute été difficile pour Will et Rosy d’en faire autant en 1955 au sortir de la seconde guerre mondiale. Installer un personnage aussi sulfureux dans l’immédiat après guerre aurait sans condamné les auteurs a s’attirer quelques inimitiés parmi les censeurs alors nombreux à sévir à cette époque.

Une façon pour les auteurs de s’émanciper de leurs prédécesseurs, Eric Maltaite étant le propre fils de Will, le premier dessinateur de Choc. Ce tome 3 confirme les espoirs placés dans la série au vue de la moisson de prix récoltés lors de la sortie du premier opus. Il est vrai que l’on perd quelque peu le romantisme des albums que j’avais pu lire étant enfant (Le réveil de Toar, Choc au Louvre, Le grand Combat) mais donne la part belle à toute la  complexité de ce personnage hors norme aussi difficile à attraper qu’a cerner. Un modèle du genre!

Choc Tome 3 de Stephan Colman et Eric Maltaite, éditions Dupuis, 16,50 €

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La liberté ne se mendie pas, elle se prend.
– Alexandre Jacob